REGAIN, c’est d’abord le roman de Giono.
Quand l’homme, à la sueur de son front, à force de courage et de détermination, redonne vie à la terre abandonnée.
C’est aussi une démarche initiée sur le plateau de Valensole en 2014.
Le plateau de Valensole a connu de profonds changements durant ces dernières décennies. Couverts d’amandiers à l’ombre desquels pâturaient des troupeaux de moutons au sortir de la seconde guerre mondiale, il s’est peu à peu départi de ses arbres et de ses ouailles pour laisser place à de vastes étendues de lavandin et de blé dur.
A droite, le plateau de Valensole dans les années 60 avec ses petites parcelles et les nombreux amandiers et à gauche le plateau aujourd'hui. Source : Géoportail
Mais désormais, cette petite région agricole souffre : les nappes d’eau souterraine charrient des produits phytosanitaires et des engrais qui ont conduit à la fermeture de captages. Le sol, trop souvent travaillé par les engins agricoles, privé d’apports de matière organique et des rotations diversifiées qu’il connut jadis, est fatigué. Il a faim.
À sol éreinté, plantes vannées : les lavandins, issus du croisement entre la lavande vraie et la lavande aspic, subissent les attaques de divers ravageurs. Les cicadelles (sorte de petites cigales) piquent les plants en transmettant une bactérie : le phytoplasme du Stolbur, qui provoque le dessèchement de la plante. La cécydomie, la noctuelle provoquent également d'importants dégats.
Il est temps d’agir.
Pour lutter contre cette maladie, certains agriculteurs ont eu l’idée de cultiver du lavandin en semant un couvert végétal, souvent des graminées et légumineuses, entre les rangées de lavandin. Belle intuition ! Nul ne sait comment exactement ce couvert agit sur les cicadelles. Brouille-t-il l’information en noyant le lavandin parmi d’autres végétaux ? Perturbe-t-il les conditions d’humidité et de température au niveau du sol ? Entrave-t-il le vol des cicadelles ? Attire-t-il des prédateurs de la cicadelle ?
Sans doute permet-il de combiner tous ces effets à la fois.
Toujours est-il qu’un lavandin cultivé avec un couvert végétal en inter-rang est deux fois moins malade qu’un lavandin cultivé traditionnellement sur sol nu et travaillé.
Donc vive la diversité végétale, qui entraine dans sa course une multitude d’insectes, d’arachnides, d’oiseaux et rétablit l’équilibre agro-écologique de la parcelle !
Quatre institutions se sont alliées pour accompagner les agriculteurs vers ce type de nouvelles pratiques : la Chambre d’agriculture des Alpes de Haute Provence, le Parc naturel régional du Verdon, la Société du Canal de Provence et AgroSYS, la chaire d’entreprise de Montpellier SupAgro. Leur démarche a été baptisée du nom de REGAIN.
Depuis 2014, les quatre membres fondateurs, accompagnés de partenaires techniques comme ARVALIS, le CRIEPPAM, les coopératives et négoces agricoles, l’UMR Eco et Sol de l'INRAe, ont initié des actions pour restaurer la qualité des sols, replanter des arbres sur le plateau de Valensole, optimiser l’utilisation des intrants etc.
Vive la vie des sols !
Pour un agriculteur, mieux connaitre ses sols et leurs fonctionnements, savoir relier ses pratiques aux observations pédologiques (science qui étudie les sols), permet d’optimiser la conduite du système d’exploitation et d’améliorer ses performances agronomiques et environnementales.
En 2017, le réseau Sol de REGAIN a été lancé. Piloté par le Parc du Verdon, il rassemble aujourd'hui (en 2023) 38 lavandiculteurs et 4 partenaires : le Centre régionalisé interprofessionnel d'expérimentation en plantes à parfum aromatiques et médicinales (CRIEPPAM), la Chambre d’agriculture 04, la Société du canal de Provence et l’Unité mixte de recherche Eco & Sols.
46 parcelles de lavandin font l’objet d’un suivi pédologique (sol), agronomique (pratiques agricoles) et économique.
Ce réseau a pour objectif de dresser l’état des lieux de la qualité des sols en proposant aux agriculteurs des analyses physico-chimique et biologique. Les agriculteurs expérimentent de nouvelles pratiques comme des semis de couverts végétaux entre les rangs de lavandin ou des épandages de composts de pailles de lavandin.
8 agriculteurs du réseau ont initié des essais de couverts végétaux en inter-rangs du lavandin. Les photographies ci-contre illustrent une parcelle de lavandin plantée dans un couvert d’ers, légumineuse rustique du plateau de Valensole et une parcelle dans un couvert de sainfoin.
Ces couverts permettent de freiner l’érosion du sol, de réintroduire de la matière organique et de la vie dans les sols et d’attirer les auxiliaires des cultures.
Voir tous les documents produits par les partenaires
Agriculteurs, si vous souhaitez rejoindre le réseau Sol, connaitre les dates des prochains évènements (formations, journées techniques), bénéficier d’une expertise sur votre sol, n’hésitez pas à joindre l'animatrice du Parc naturel régional du Verdon :
Lucinne Ruff lruff@parcduverdon.fr ou au 04 92 74 68 12.