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Un projet équilibré pour La Grande Forêt d’Aiguines

En 2015, le Conservatoire du littoral devient propriétaire de 247 hectares aux lieux dits des Cavaliers et de La Grande Forêt, sur la commune d’Aiguines. Au cœur du Grand Site de France en projet des Gorges du Verdon, la Grande Forêt est une ferme-bergerie isolée et installée à mi-pente sur le versant du Grand Margès.

Cette ferme daterait au moins du 18eme siècle et la dernière occupation connue remonte à 1938 (une famille du Grand Plan utilisait cette ferme comme estive). Cette bâtisse est typique d’une architecture de Causse, à la volumétrie compacte et économe. Elle possède une emprise au sol de 240 m² et une toiture en tuiles à un seul pan, reliée à une citerne de récupération des eaux de pluie, unique ressource en eau de la ferme à l’époque. Elle constitue aujourd’hui l’un des derniers témoignages architecturaux des fermes des plans de Canjuers révélant un art d’habiter ce massif karstique, aride et steppique.

Aux alentours, quelques anciens prés, souvent déjà bien colonisés par le genêt, le buis, le genévrier, les épineux et les pins, s’étendent le long du chemin rural arrivant de la Petite forêt. Une forêt de chênes pubescents et une belle hêtraie bordent ces près et landes et remontent sur ce versant froid. Un troupeau présent essentiellement dans le camp militaire de Canjuers, pâture encore La Grande Forêt au printemps et en hiver, mais les ressources fourragères y sont limitées.

En 2017, le Conservatoire du littoral se lance alors dans un projet ambitieux et très complet pour préserver et revaloriser La Grande Forêt.

Le temps presse car la ferme s’effondre et avec elle, toute l’histoire et la fonctionnalité de ce lieu emblématique. En 2018, le projet de revalorisation pastorale du domaine démarre avec les travaux d’adduction d’eau depuis la source de Sendran et la pose de citernes destinées à abreuver les troupeaux (travaux par l’entreprise SNTC).

Commencent alors les travaux destinés à sauvegarder la ferme en respectant au maximum les matériaux et les savoir-faire traditionnels. La toiture pour moitié écroulée et la charpente qui la soutient sont entièrement reconstruites et les murs sont consolidés, voire reconstruits par endroit. Une partie du bâtiment sera restaurée pour servir de logement au berger dans une seconde phase de travaux, à court terme. Mais le projet ne s’arrête pas là car il intègre également une dimension environnementale d’importance. En effet, la ferme de la Grande Forêt héberge depuis des années une colonie de reproduction majeure de chauves-souris, dont les effectifs faiblissent en même temps que l’état de la batisse se dégrade. Le Conservatoire, accompagné du Groupe chiroptères de Provence et du Parc naturel régional du Verdon, dédie une partie du bâti aux chauves-souris, en espérant que ces dernières adoptent ce gîte rénové de 6 m² sur deux niveaux, qui leur offre ainsi des conditions thermiques différentes adaptées à leurs besoins selon la saison.

Les travaux de sauvegarde de la ferme, assurés par l’entreprise Amak et supervisés par l’architecte Xavier Boutin, seront achevés au printemps 2019[1].

Fin 2018, une nouvelle étape de revalorisation de la Grande Forêt démarre avec la réouverture des anciens près sur une surface de 20 ha. Broyage et bucheronnage sont assurés par l’entreprise A2T Débroussaillage. L’objectif est à la fois d’augmenter la quantité et la valeur de la ressource pastorale pour les troupeaux mais également de restaurer des milieux naturels riches d’une grande biodiversité.

Accompagné par le Parc naturel régional du Verdon, le CERPAM et le bureau d’études naturaliste Entomia, le Conservatoire s’engage dans un contrat Natura 2000[2]. Le cahier des charges de ce contrat précise les conditions de réouverture qui sont favorables au maintien, voire au retour de certaines espèces d’insectes et d’oiseaux. Dans les prés steppiques de la Grande Forêt, 35 espèces de papillons (dont l’Azuré du Serpolet, l’Apollon, le Semi-Apollon) et 12 espèces de la famille des criquets-sauterelles (dont l’Arcyptère provençale) ont été inventoriés avant les travaux. La Laineuse du prunellier, papillon protégé en Europe, pond quant à elle sur les aubépines et les prunelliers. C’est pourquoi de petites zones d’épineux favorables ont été conservées lors du débroussaillement. Parmi les oiseaux qui devraient profiter de cette réouverture des insectivores comme la Pie grièche écorcheur, la Fauvette pitchou, le Crave à bec rouge, l’Engoulevent d’Europe. Le Circaète Jean-le-blanc, un rapace dont les proies principales sont des reptiles, devrait également bénéficier de cette réouverture.

 

[1] Coût total des travaux pour l’adduction d’eau, les citernes et la sauvegarde du bâti : 336 000 € HT.

Financements apportés par le Conservatoire du Littoral (50 %), la Région PACA, et l’Etat au titre du site classé.

[2] Coût total des travaux pour la réouverture des espaces pastoraux : 25 000 € HT.

Financements apportés par l’Etat (47 %) et l’Union européenne (53 % Feader) dans le cadre d’un contrat Natura 2000.

Mise en ligne: 
Mercredi 20 février 2019
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