Une trame de vieux bois

Les espaces forestiers représentent près de 70% de la surface du territoire. Entre les forêts présentes depuis plusieurs siècles et les forêts jeunes, issues de reboisements à la fin du 19ème siècle ou de l'abandon des terres agricoles et pastorales; suivant les altitudes et les expositions, les forêts du Verdon sont diversifiées et présentent de multiples enjeux.

Les forêts anciennes et les forêts matures sont particulièrement importantes à préserver.

Véritables mémoires de la forêt, ces écosystèmes permettront peut-être aux forêts du Verdon de mieux résister demain aux effets du changement climatique.

Les forêts anciennes et forêts matures

Les forêts anciennes sont des milieux forestiers dont la couverture arborée est restée constante depuis une date de référence, généralement le milieu du 19ème siècle. Ainsi, c'est la forêt dans son ensemble qui est ancienne, pas forcément les arbres qui la composent. En effet, une forêt ne perd pas son caractère ancien si elle est exploitée. Les forêts anciennes hébergent une flore et une faune particulières, ayant comme caractéristique commune, une faible capacité de dissémination. Dans ces forêts, les sols forestiers constituent très certainement le capital le plus précieux à préserver.

A partir des cartes d'état-major de 1860, ces forêts présumées anciennes représentent environ 50 000 ha sur le territoire du Parc.

Les forêts matures sont des forêts dans lesquelles un nombre significatif d'arbres a été conservé au-delà de leur âge d'exploitabilité pour les forestiers. Elles hébergent en général des arbres de gros diamètres et davantage de bois mort sur pied et au sol, que des forêts où la sylviculture a été plus marquée.

La grande quantité d'arbres âgés de plusieurs siècles, l'abondance de bois mort au sol et sur pied, offrent des micro-habitats très favorables pour de nombreuses espèces animales et végétales.

Par exemple, le pic noir et la martre des pins (l'une exploitant les loges creusées par le premier dans les troncs des arbres) sont dépendantes de ces forêts où les arbres de gros diamètre sont moins rares. Des chauves-souris forestières, de nombreux insectes, des champignons et des lichens sont spécifiques à ces forêts, véritables réservoirs de biodiversité.

Les enjeux de la sous-trame forestière sont ainsi de préserver ces forêts anciennes et matures et de préserver, voire restaurer, les continuités forestières qui les relient.

Pour ce faire, en partenariat entre cinq parcs naturels régionaux de l'arc préalpin et avec le concours des financements européens (POIA FEDER), des Régions Sud Provence-Alpes-Côte-d'Azur, Auvergne-Rhône-Alpes et de l'Etat (FNADT), l'INRAE a testé une méthode modélisant les gradients de maturité des forêts pour un territoire donné. Ces cartes sont obtenues à partir de données issues de l'analyse d'images satellitaires (Lidar) et de données de terrain (diamètres des arbres, volumes de bois mort etc.). Dans le Parc du Verdon et le Parc des Baronnies provençales, un premier travail préliminaire était d'abord nécessaire : mieux caractériser les attributs de maturité pour les forêts méditerranéennes, bien moins connues sur ces aspects que les forêts montagnardes des Alpes du Nord. Le travail a consisté en la réalisation de mesures dendro écologiques sur environ une soixantaine de placettes forestières. Ces données seront enrichies grâce aux placettes forestières Lidar en cours de déploiement par l'ONF. La carte prédictive des gradients de maturité et l'analyse de la connectivité de la trame des forêts matures constituent donc la prochaine étape à réaliser pour le Parc du Verdon.

A partir de là, de manière plus opérationnelle et à l'échelle du territoire, il sera plus facile d'identifier des secteurs stratégiques où il y aurait un enjeu à maintenir davantage d'arbres au-delà leur âge d'exploitabilité. Cette trame de "vieux bois" viendra ainsi considérablement renforcer la biodiversité dépendante de forêts à plus forte naturalité, car la surface et le nombre des quelques forêts plus matures aujourd'hui présentes sur le territoire ne sont pas forcément suffisants pour que leur biodiversité puisse pleinement s'exprimer.

La continuité géographique du réseau des Parcs naturels régionaux des Préalpes d'Azur aux Préalpes du Nord, peut contribuer à préfigurer cette trame de forêts matures à l'échelle du massif alpin.

Une trame de vieux bois : source de biodiversité et mémoire de la forêt du Verdon

Avec le concours financier de:

Les forêts anciennes et les forêts matures potentielles sur le territoire du Parc

  • Auteur Dominique Chavy
  • Auteur Dominique Chavy
  • Auteur Dominique Chavy
  • Auteur Dominique Chavy
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